Toxidermies aux thérapies ciblées : savoir persévérer - 28/04/18
Résumé |
Introduction |
Les thérapies ciblées anticancéreuses ont comme atout d’être spécifiquement dirigées contre les cellules tumorales et donc d’être moins toxiques que les chimiothérapies traditionnelles. Cependant les toxidermies sont fréquentes avec ces molécules et parfois responsables de diminution de doses voire d’arrêt thérapeutique définitif.
Observations |
Une patiente de 35 ans, traitée par folfox et irinotecan puis par antiangiogéniques pour un adénocarcinome duodénal métastatique, recevait en 3e ligne un traitement par régorafenib, inhibiteur multikinase oral ciblant le VEGFR, PDGFR, BRAF, KIT, RET, à la posologie de 4 comprimés par jour. Au 9e jour de traitement, elle était adressée en urgence pour une éruption maculopapuleuse prurigineuse étendue associée à un oedème du visage et à une fièvre à 39°C, sans atteinte muqueuse ni adénopathies. L’analyse anatomopathologique montrait une nécrose kératinocytaire et un infiltrat dermique inflammatoire constitué de cellules mononucléées. Le bilan biologique était sans particularité. Le traitement était immédiatement interrompu permettant la régression complète du rash en 72heures. Devant l’absence d’alternatives thérapeutiques, il était décidé de réintroduire le régorafenib après trois semaines d’arrêt, à la posologie réduite d’un comprimé par jour. Cette réintroduction était suivie d’une récidive du rash. Une corticothérapie générale (0,5mg/kg/jour) était alors instaurée tout en poursuivant la réintroduction progressive sur 10jours du régorafenib jusqu’à posologie efficace. Après 2 semaines de traitement pleine dose, les corticoïdes étaient progressivement diminués sans récidive de la toxidermie.
Conclusion |
Cette observation témoigne de l’enjeu qui réside dans le prise en charge des toxidermies induites par les thérapies ciblées, en particulier lorsqu’elles constituent un traitement de dernier recours. Les éruptions maculopapulauses sous thérapies ciblées sont fréquentes et d’intensité variable. Une régression spontanée de ces rashs en quelques semaines est fréquente, témoignant probablement de l’induction progressive d’une tolérance au traitement. Chez notre patiente, l’absence d’alternative thérapeutique au régorafenib a imposé la réintroduction de la molécule. Malgré la sévérité du rash initial, la majoration très progressive des doses associée à une faible corticothérapie systémique a permis la reprise du traitement. Un rash maculopapuleux sous thérapie ciblée, même lorsqu’il est de grade 3 ne constitue pas une contre-indication définitive au traitement, en l’absence d’argument pour une toxidermie de type Lyell/SJS ou DRESS.
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Vol 145 - N° 4S
P. A65 - mai 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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